On a beaucoup parlé ces jours-ci de l’article publié par Evangelos Rizos et ses collègues de l’Université de Ioannina en Grèce1, remettant en cause l’efficacité des oméga-3.
Cette étude est une méta-analyse de 20 études comparatives randomisées (par tirage au sort, avec ou sans oméga-3). Elle n’a pas fait apparaître d’effet protecteur des oméga-3, concernant le risque d’accidents cardiovasculaires. Cette conclusion a été interprétée par certains comme une remise en cause des vertus des oméga-3. Ce qui mérite quelques commentaires :
1) L’analyse a porté essentiellement sur la prescription d’oméga-3 en prévention secondaire ; c’est à dire pour prévenir la survenue de complications chez des sujets ayant déjà fait un accident cardiovasculaire. Elle n’a pas concerné la prévention primaire ; c’est à dire la prise d’oméga-3 à titre préventif global par des sujets indemnes de maladies cardiovasculaires.
2) Même dans le cadre de la prévention secondaire, l’étude met en évidence un avantage en faveur des oméga-3 (Figure 5 de l’article) ; mais cet avantage n’est pas statistiquement significatif. Autrement dit il est trop faible pour être pris en considération, sans qu’il y ait pour autant d’effet défavorable.
3) Cette étude ayant porté exclusivement sur les effets cardiovasculaires, ne met pas en cause les éventuels effets favorables dus au pouvoir anti-inflammatoire des omega-3, notamment sur le cerveau, la rétine ou la prévention du cancer.
Au total, cette étude ne doit pas être interprétée de façon trop simpliste et ne préjuge en rien des effets bénéfiques possibles des omega-3 dans le cadre de la prévention primaire globale.
1. Rizos EC et al. Association between omega-3 fatty acid supplementation and risk of major cardiovascular disease Events. A systematic review and meta-analysis. JAMA. 2012;308 (10):1024-1033